Pour un investisseur français, la correction de 5% observée cette semaine sur le CAC 40 interpelle, car elle ramène désormais l’indice phare de la bourse de Paris en territoire négatif.
Les deux explications avancées par la presse spécialisée pour expliquer cette chute reprennent pourtant des thématiques connues depuis des semaines, voire des mois.
1 / En effet la hausse de taux d’intérêt est enclenchée depuis le début de l’année aux Etats -Unis et la FED n’a jamais caché sa volonté de poursuivre la normalisation monétaire (hausse des taux) en réaction à la bonne santé de l’économie US qui pousse l’inflation à la hausse, via la hausse des prix du pétrole et des salaires. Les obligations à 10 ans sont maintenant confortablement installées au-dessus de 3% depuis plus d’un mois, niveau à partir duquel théoriquement les effets négatifs sur les marchés actions commencent à se faire ressentir, le rendement des dividendes des actions américaines à leurs cours actuels étant de l’ordre de 2%.
2/ Le ralentissement de l’économique chinoise n’est pas non plus une surprise alors que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine débutée au début de cette année, ne sera pas réglée de sitôt, le but étant avant tout politique. Les Etats-Unis cherchent à retarder le plus possible le jour où la Chine les dépassera, et tous les moyens sont bons. Les résultats se font sentir et l’économie chinoise s’essouffle. Parallèlement, l’endettement des particuliers, des banques, des régions, accentue le ralentissement. La Banque Centrale chinoise a donc libéré une partie des réserves obligatoires des banques pour favoriser une injection de cash dans l’économie, ce qui va fait baisser le yuan et logiquement conduire Trump à accentuer encore plus la pression sur Xi Jinping d’ici le G20 fin novembre.
Finalement, la macroéconomie traduit assez bien les performances boursières des grands indices mondiaux en 2018.
Aux Etats Unis , la baisse des impôts et les mesures pro-business ont relancé une économie américaine en fin de cycle. Les effets s’estomperont probablement l’année prochaine ou la suivante, mais pour l’instant, l’économie reste dynamique.
En Europe , la croissance est molle et le restera. En revanche, la situation politique continue à se dégrader, notamment en Italie où l’arrivée des extrêmes au pouvoir n’a évidemment généré rien de bon, si ce n’est un budget déficitaire avec pour conséquence des spreads de taux qui remontent en flèche. Les prochaines élections européennes, si elles confirment la montée des partis anti-européens, devraient à nouveau secouer la zone.
Ailleurs, en Chine et dans les pays émergents (Brésil, Afrique du Sud, Turquie…), les nuages s’accumulent.
Intéressons-nous à l’Europe, puisque nous investissons dans la zone euro pour éviter tout risque de change. L’indice Eurostoxx 50, qui représente les 50 plus grandes valeurs européennes, recule de 8,8% en 2018. Ces valeurs sont issues principalement des 4 plus grands pays européens que sont l’Allemagne, la France, l’Italie et L’Espagne, dont les indices boursiers sont tous en repli en 2018.
L’investisseur français portait encore des lunettes roses il y a une semaine, mais l’allemand, l’italien et l’espagnol sont en plein spleen depuis quelques mois ! Il est vrai que le plus hauts du CAC 40 n’est pas si lointain, puisqu’il date du 22 mai, alors qu’il faut remonter au 23 janvier pour l’Eurostoxx 50 et le DAX.
En France, si la plupart des investisseurs regarde avec attention la performance du CAC 40, l’univers d’investissement est en réalité beaucoup plus large puisqu’on compte environ 700 valeurs cotées à la bourse de Paris. On distingue 3 grandes catégories de valeurs :
– Les très grandes capitalisations symbolisées par le CAC 40
– Les valeurs moyennes symbolisées par le CAC Mid 60 et
– Les petites valeurs symbolisées par le CAC Small 90
Ainsi un investisseur qui aurait bâti son portefeuille avec 50% de grandes valeurs françaises et européennes, 25% de moyennes capitalisations françaises et 25% de petites valeurs françaises, afficherait une perte de 9,59% au 12 octobre 2018.
Une performance bien éloignée de celle attendue par un investisseur qui apprécierait l’évolution du marché à la seule lecture de celle du CAC 40. Les apparences sont parfois trompeuses !