7, Rue Royale 75008 Paris - T. 01 47 23 88 88 backoffice@lfdle.com

La crise boursière et financière actuelle déclenchée par le Coronavirus est désormais d’une ampleur et d’une rapidité qui rappellent les plus grands krachs de l’histoire. La baisse des principaux indices actions atteint désormais plus de 30% en moins de trois semaines.

16 jours pour effacer 3 années de gains…

Ces mouvements interpellent et deviennent d’une nature anxiogène qui va au-delà de la simple correction boursière d’environ 10 à 15% que nous attendions en début d’année.

Cette crise contient des ingrédients communs à ceux des trois grandes crises précédentes, on y reviendra, mais elle est aussi d’une nature différente. Le cas d’une épidémie d’une telle ampleur n’est pas courant. Les conséquences sanitaires sont évidemment impossibles à prévoir, et cette incertitude s’ajoute à la psychologie négative ambiante.

Cette épidémie met aussi en évidence plusieurs éléments, déjà connus, qui se cristallisent soudainement :

  • L’endettement est trop élevé, et partout ! La croissance économique mondiale « se fait à crédit » et le cas des Etats-Unis en est une bonne illustration : après la plus longue période de croissance depuis l’après-guerre, le déficit budgétaire atteint près de 5% du PIB et l’endettement 100% du PIB, ce qui signifie que la période de prospérité n’a pas été mise à profit pour rétablir les comptes publics. Ce constat est valable pour de nombreux pays européens, particulièrement pour la France. Parallèlement, l’endettement des entreprises a également fortement progressé (multiplié par 3 aux Etats-Unis depuis 2009), les chefs d’entreprises ayant profité de l’aubaine de la baisse des taux…
  • La coopération internationale est actuellement très faible. Le monde est actuellement multipolaire et très divisé. L’Amérique de Donald Trump l’avait bien illustré ces derniers mois avec « la guerre commerciale », les mesures prises pour tenter de répondre au Coronavirus montrent plus que jamais que c’est « Chacun pour soi » ! Le récent désaccord majeur entre la Russie et l’Arabie Saoudite l’illustre bien.
  • L’Europe est désunie. Il n’y a pas de stratégie commune en matière de politique de santé. On attend une réponse budgétaire significative, Christine Lagarde a mis la balle dans le camp des politiques, mais les désaccords sur ce sujet semblent très importants
  • La communication via les réseaux sociaux et le principe de précaution généralisé (à l’extrême ?) rendent les mouvements uniformes et favorisent « la diffusion de la peur ».
  • La liquidité des marchés pose question. Il n’y a plus d’acheteurs finaux. Les banques ne prennent plus de positions depuis la crise de 2008, les régulateurs ont mis en place des normes de solvabilité accrues et les assureurs sont confrontés à la problématique des taux à 0…

Le tableau apparaît ainsi bien sombre et il y a dans cette panique boursière des ingrédients qui rappellent 2000 (surévaluation initiale de certains secteurs), 2008 (crise de liquidité sur les marchés du crédit, début de suspicions entre contreparties…) et 2011 (crise de l’euro avec écartement des spreads entre pays) …

Dans ces conditions, que faire ?

L’observation historique des grands krachs récents donne quelques repères. En 2000, 2008 et 2011, les baisses des principaux indices actions ont été comprises entre 30% et 50%. Avec 30%, la correction actuelle est donc déjà significative.

Il est clair que le monde entre en récession. Le risque majeur est que ce ralentissement économique se transforme en crise financière avec une vague de faillites d’entreprises et des banques qui ne se prêtent plus entre elles. La question se pose de savoir en combien de temps la situation sanitaire s’améliorera. Si on regarde la Chine (en avance par rapport à l’Occident), il semble que la situation s’améliore progressivement…

Par ailleurs, les conditions d’une reprise rapide sont là, avec des taux quasi nuls et un pétrole très bon marché. Les Banques Centrales peuvent encore agir. La Réserve Fédérale américaine va elle aussi amener les taux à 0. Les politiques d’achat de titres vont probablement reprendre et s’étendre à des titres moins bien notés. Cette fois-ci, ce sont surtout les gouvernements qui sont attendus. Des mesures de soutien budgétaire ciblées (vers les secteurs les plus touchés) sont nécessaires ; elles devront être mises en oeuvre rapidement et être d’une ampleur significative vu les enjeux.

Les bénéfices des entreprises attendus ont été largement révisés à la baisse par les premières estimations « Top Down ». On attend désormais une baisse de 10 à 15% cette année, suivie d’une remontée de 5% à 10% l’année suivante. Cela signifie donc que le PER des actions US est désormais de près de 15 et de 12,5 pour les actions européennes. Ces niveaux sont raisonnables historiquement, surtout en comparaison des taux d’intérêt.

Le contexte reste anxiogène et il y aura encore de la volatilité. Mais les niveaux atteints commencent à être très intéressants.

Jusqu’à nouvel ordre, le scenario que nous retenons est donc le suivant : un pic épidémiologique de nouveaux cas dans les semaines qui viennent, un pic d’angoisse qui se situe avant, et une courbe en « J » pour l’économie mondiale, avec un point bas de sévérité inédite au deuxième trimestre.

Quant aux marchés des actions, nous pensons plutôt à un profil de reprise en « V », au moins dans un premier temps, au vu des excès enregistrés ces derniers jours. La reprise boursière pourrait être d’autant plus violente que la situation est inédite.

Pour toutes ces raisons, nous avons renforcé notre exposition aux actions de qualité dans nos fonds.

Le rendement estimé sur dividendes 2020 (Dividendes/cours) sont désormais très attractifs sur des valeurs de grandes qualité, allant de 2,30% pour l’Oréal à 11,49% pour Total (qui pourrait néanmoins revoir son dividende à la baisse) comme le démontre le tableau ci-dessous :

ACTIONS

COURS 31/12/2019

COURS 17/03/2020

PERF 2020

DIVIDENDE 2020i

RENDEMENT 2020

AIRBUS

130,48 €

64,53 €

-50,54%

2,06 €

3,19%

TOTAL

49,20 €

24,55 €

-50,10%

2,82 €

11,49%

SAFRAN

137,65 €

70,66 €

-48,67%

2,50 €

3,54%

LVMH

466,80 €

303,45 €

-34,99%

7,49 €

2,47%

KERING

585,20 €

382,45 €

-34,65%

12,55 €

3,28%

LEGRAND

72,64 €

51,62 €

-28,94%

1,49 €

2,89%

L’OREAL

264 €

202,50 €

-23,29%

4,63 €

2,29%

AIR LIQUIDE

126,20 €

98,84 €

-21,68%

2,85 €

2,88%

SCHNEIDER

91,50 €

71,82 €

-21,51%

2,71 €

3,77%

SANOFI

89,62 €

75,33 €

-15,95%

3,24 €

4,30%

Les marchés financiers sont réputés pour anticiper les tendances économiques. Généralement, les meilleures opportunités d’achats se présentent lorsque les investisseurs découragés semblent avoir abandonné tout espoir. Nous sommes conscients que les actions reculent avant les récessions et atteignent leur point bas avant que toutes les conséquences sur l’activité économique et sur l’emploi ne soient visibles.

La rapidité sans précédent de la chute des actions et les scénarios extrêmes qui sont à présent reflétés dans les cours devraient offrir des opportunités dans les prochains jours. Notre stratégie consiste à augmenter notre détention de titres de qualité avec d’importants flux de trésorerie disponible et peu de dettes. Nous estimons que des opportunités permettront d’acquérir des titres de qualité à des valorisations attractives.

Nos équipes mettent tout en oeuvre pour identifier de tels titres en tenant compte de l’environnement actuel.

Cette stratégie devrait assurer des performances relatives attractives pour nos portefeuilles.

1 Dividendes estimés 2020 : source bloomberg